Alors que la fréquentation des vols domestiques diminue rapidement, les professionnels du secteur aérien alertent sur les conséquences d’une nouvelle fiscalité défavorable pour l’attractivité du pays. Tandis que les liaisons internationales attirent de plus en plus de voyageurs, les trajets aériens entre villes françaises enregistrent une baisse marquée. La fréquentation chute, les lignes régionales se ferment, et les compagnies aériennes revoient leurs priorités.
Sommaire:
- Bertrand Godinot et la régression du trafic aérien intérieur
- Pascal de Izaguirre et la nouvelle taxe sur les billets
- EasyJet réduit ses lignes françaises, Volotea les renforce
- Le poids de la fiscalité sur les prix des billets
Bertrand Godinot et la régression du trafic aérien intérieur
Le directeur général d’EasyJet, Bertrand Godinot, ne cache pas son inquiétude. Selon lui, le nombre de vols domestiques est revenu à son niveau de 1986. Cette régression s’explique notamment par la concurrence accrue du TGV et la suppression de certaines liaisons aériennes intérieures jugées non rentables ou trop polluantes.
En 2024, seulement 11,7 millions de passagers ont pris un vol intérieur depuis Orly ou Roissy, contre 16,3 millions en 2019. Cela représente une chute de 28 % pour les départs parisiens. EasyJet, qui dessert actuellement 21 villes en France, a déjà supprimé plusieurs lignes pour la saison estivale à venir, privilégiant désormais les destinations internationales plus rentables.
Pascal de Izaguirre et la nouvelle taxe sur les billets
Le président-directeur général du groupe Corsaire, Pascal de Izaguirre, dénonce une fiscalité qu’il juge déconnectée des réalités du secteur. La nouvelle taxe de solidarité sur les billets d’avion est passée de 2,63 à 7,40 euros pour les vols européens. Une augmentation qui, selon lui, pénalise un secteur indispensable à l’économie touristique nationale.
La Fédération nationale des acteurs de l’aviation a publié un rapport alarmant le 29 avril, évoquant une perte d’attractivité du marché français. Cette hausse des coûts met en péril la compétitivité des compagnies opérant sur le territoire.
EasyJet réduit ses lignes françaises, Volotea les renforce
Face à la pression fiscale et à la baisse de fréquentation, EasyJet a supprimé des routes comme Paris-Montpellier ou Biarritz-Paris. En parallèle, elle a renforcé son offre internationale, annonçant six nouvelles destinations étrangères en 2025. Entre 2019 et 2024, l’entreprise a retiré près d’un million de sièges sur les vols domestiques.
À l’inverse, la compagnie espagnole Volotea affiche une croissance continue sur le marché français. Elle dessert actuellement 68 destinations dans l’Hexagone, devançant même Air France (58 destinations). Son modèle repose sur des liaisons régionales sans alternative ferroviaire directe, notamment vers la Corse, un segment longtemps délaissé.
Le poids de la fiscalité sur les prix des billets
Plusieurs compagnies, dont Volotea et Air France, ont répercuté la taxe sur les passagers, ce qui entraîne une hausse significative des prix. EasyJet, en revanche, a décidé de l’absorber temporairement. Chez Volotea, des milliers de billets réservés avant l’annonce de la hausse ont nécessité une communication spécifique avec les clients, qui ont parfois dû effectuer un paiement complémentaire.
Le gouvernement espère récolter 800 millions d’euros avec cette taxe. Pourtant, le ministre chargé des Transports, Philippe Tabarot, a exprimé des doutes quant à sa pérennisation dans le budget 2025. Il s’était déjà opposé à une fiscalité accrue sur l’aérien lorsqu’il était sénateur.
Le désengagement progressif du secteur aérien domestique en France pourrait avoir des effets durables sur la connectivité des régions et sur l'économie touristique nationale. La suite dépendra en grande partie des arbitrages fiscaux que l'État décidera de maintenir ou d'aménager.
Source: 20 Minutes