Nicolas Thierry défend une génération sans tabac d’ici 2032
Nicolas Thierry défend une génération sans tabac d’ici 2032, Photo : Pixabay / licence Pixabay

Une initiative inédite pourrait transformer durablement la politique de santé publique française. Un député écologiste, Nicolas Thierry, a présenté une proposition de loi visant à interdire la vente de tabac à toute personne née après le 1er janvier 2014. Cette mesure, qui entrerait en vigueur le 1er janvier 2032, ambitionne de créer la première génération sans tabac dans l’Hexagone.

Principaux points :

  • Interdiction de vente pour les personnes nées après 2014.
  • Application à tous les produits du tabac, y compris le tabac chauffé.
  • Soutien de sept groupes parlementaires, de La France insoumise à Horizons.

Sommaire:

Nicolas Thierry et la proposition de loi transpartisane

Le député écologiste Nicolas Thierry a déposé mardi 4 novembre une proposition de loi rassemblant un large soutien politique. Le texte prévoit qu’à partir du 1er janvier 2032, il sera interdit de vendre du tabac à toute personne née après 2014, même si elle est majeure. Cette interdiction concerne toutes les formes de tabac, y compris les produits chauffés, souvent présentés comme une alternative « moins nocive ».

L’objectif affiché est clair : parachever dix années de politiques publiques de réduction du tabagisme – hausse du prix du paquet, paquet neutre, création d’espaces sans tabac. Nicolas Thierry souligne que « cette proposition de loi doit permettre de parachever ces politiques publiques à un moment où il y a une prise de conscience accrue de la nocivité de l'industrie du tabac ».

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Marion Catelin et l’Alliance contre le tabac

Marion Catelin, directrice de l’Alliance contre le tabac (ACT), soutient fermement cette proposition. Elle déclare : « On ne pourra plus vendre ces produits aux futures générations et cela nous permettra d'aller vers une société sans tabac ». Selon elle, cette mesure s’inscrit dans la tendance déjà observée : le nombre de fumeurs quotidiens a chuté de 4 millions depuis 2014, avec une baisse particulièrement marquée chez les jeunes. En 2022, seuls 15,6 % des adolescents de 17 ans fumaient quotidiennement contre 25,1 % en 2017.

Cette diminution traduit l’efficacité des campagnes de prévention et des politiques de santé publique. Elle rappelle également le poids économique du tabagisme : le « coût social » du tabac en France atteint 156 milliards d’euros, incluant les décès, maladies, soins et pertes de production.

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Une dynamique internationale avec le Royaume-Uni et les Maldives

La France s’inspire d’exemples étrangers. Le Royaume-Uni prépare un dispositif similaire, tandis que la Nouvelle-Zélande avait adopté une interdiction avant de l’abroger en 2023. Les Maldives sont devenues la première nation à interdire le tabac à une génération entière, ciblant les personnes nées après 2007, et élargissant l’interdiction à la possession et à la consommation.

Ce mouvement mondial, appelé « fin de partie » pour l’industrie du tabac, vise à mettre un terme progressif à la dépendance à la nicotine. D’après Maud Catelin, cette approche « consiste à stopper à la source le renouvellement des générations de fumeurs ».

Les inquiétudes des buralistes et les garanties légales

Face à cette proposition, les buralistes ont réagi vivement. Serdar Kaya, président de la Confédération des buralistes, a estimé que la mesure risquait d’alimenter le marché noir. Cependant, les données officielles contredisent ces craintes : le marché parallèle représente entre 10 % et 20 % des ventes, soit quatre fois moins que les estimations de l’industrie.

Nicolas Thierry assure qu’il s’agit d’une mesure progressive, sans « effet de bascule ». Selon lui, « on va assécher progressivement le marché ». Sur le plan juridique, il affirme que la proposition respecte la Constitution, rappelant que la protection de la santé prime sur la liberté d’entreprendre.

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La France ambitionne donc de rejoindre le cercle des pays pionniers vers une société sans tabac. Avec 75 000 décès annuels liés au tabagisme, cette initiative pourrait marquer un tournant historique pour la santé publique. Nicolas Thierry espère que le gouvernement, par l’intermédiaire de la ministre de la Santé Stéphanie Rist, soutiendra la mesure lors de son examen prévu en 2026.

Source: FRANCE24