Médecine personnalisée
Médecine personnalisée, Foto: pixabay

Une avancée majeure dans la lutte contre le cancer du sein ouvre la voie à une détection simple et précoce du risque de rechute. Grâce à une technologie appelée biopsie liquide, les chercheurs peuvent désormais identifier la présence d'ADN tumoral dans le sang. Cette innovation permet de suivre l’évolution de la maladie sans recourir à des examens invasifs, tout en adaptant le traitement avant même l’apparition de nouveaux symptômes. Une approche testée récemment sur un large panel de patientes offre des résultats prometteurs et pourrait transformer les stratégies thérapeutiques dans les années à venir.

Le camizestrant et l’institut Curie au cœur de l’essai

Lors du 61e congrès de la Société américaine d’oncologie clinique à Chicago, le professeur François-Clément Bidard, spécialiste de l’institut Curie, a présenté les résultats d’une étude publiée dans le Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterre. L’étude repose sur l’utilisation du camizestrant, un médicament développé par le laboratoire AstraZeneca. Il cible spécifiquement les cancers du sein hormonodépendants au stade métastatique, responsables de nombreuses rechutes malgré les traitements actuels.

Sur près de 3 000 femmes suivies, 315 ont présenté des mutations détectables dans leur sang, sans que la maladie ne se soit encore déclarée à nouveau. Elles ont été réparties en deux groupes : l’un a poursuivi son traitement habituel, tandis que l’autre a reçu une combinaison de camizestrant et d’un inhibiteur du cycle cellulaire. Les résultats sont clairs : un taux de survie sans progression à 24 mois de 29,7 % pour le groupe traité, contre 5,4 % dans le groupe témoin.

Une réponse à la résistance à l’hormonothérapie

Actuellement, le traitement standard des cancers du sein hormonodépendants repose sur une hormonothérapie associée à des inhibiteurs de la prolifération cellulaire. Mais environ 40 % des patientes développent une mutation affectant le récepteur des œstrogènes, rendant le traitement inefficace. Cette mutation entraîne une résistance, puis une rechute. La nouvelle stratégie vise à repérer cette altération génétique plusieurs mois avant qu’elle ne produise un effet clinique, offrant la possibilité d’ajuster le protocole thérapeutique de manière préventive.

Ce changement de paradigme repose sur l’analyse de l’ADN tumoral circulant. Ce dernier, libéré dans le sang par les cellules cancéreuses, fournit des informations essentielles sur l’état et l’évolution de la tumeur. Grâce aux progrès de la biologie moléculaire, ces fragments d’ADN sont désormais détectables par une simple prise de sang. Cela permet non seulement une surveillance plus fréquente, mais aussi plus précise et personnalisée.

La biopsie liquide, un outil prometteur au-delà du sein

Les travaux sur la biopsie liquide ont débuté il y a une quinzaine d’années. Depuis, ils ont alimenté des milliers de publications scientifiques. L’enjeu principal est de proposer une médecine plus ciblée, plus douce pour les patientes et adaptée à chaque profil génétique. Le professeur Bidard souligne que cette approche, déjà pionnière dans le traitement du cancer du sein, pourrait être étendue à d’autres types de tumeurs.

Ce n’est pas uniquement une avancée technique, mais une transformation complète dans la manière de penser la cancérologie : passer de la réaction à l’anticipation. Grâce à des suivis réguliers, réalisés tous les deux à trois mois, les médecins disposent d’un outil fiable pour identifier les signes avant-coureurs d’une rechute. Cette dynamique de médecine préventive pourrait ainsi améliorer considérablement les taux de survie à long terme.

Avec un recul de six mois en moyenne sur l’évolution du cancer et un taux de réponse significativement amélioré, la combinaison camizestrant-biopsie liquide représente une avancée scientifique concrète. Les essais cliniques en cours confirmeront, dans les prochains mois, si cette méthode peut devenir un standard dans la surveillance des cancers métastatiques.

Source: 20Minutes