Cinq ans après le début de la pandémie de Covid-19, une enquête menée par des médias allemands met en lumière de nouvelles informations sur l’origine du virus. Le service fédéral de renseignement allemand (BND) aurait mené une opération secrète dès 2020 pour tenter d’identifier la source de l’épidémie. Sous le nom de code "Projet Saaremaa", cette initiative aurait été l’un des secrets les mieux gardés de Berlin ces dernières années.
Sommaire:
- L’opération du BND et les premières révélations
- La position de la CIA et des scientifiques français
- Wuhan et la question des laboratoires
- Un débat toujours ouvert
L’opération du BND et les premières révélations
Selon l’enquête, le BND aurait privilégié l’hypothèse d’une fuite accidentelle depuis un laboratoire de Wuhan, bien qu’aucune preuve formelle ne vienne confirmer cette thèse. Les services de renseignement n’auraient pas suspecté une action intentionnelle de la Chine, mais plutôt un accident survenu dans un centre de recherche spécialisé dans l’étude des coronavirus.
D’après les documents obtenus, la chancellerie allemande, sous la direction d’Angela Merkel, aurait été informée de ces conclusions dès 2020, mais aurait choisi de ne pas rendre ces informations publiques. Ni l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ni le parlement allemand n’auraient été mis au courant de ces découvertes. Ce n’est qu’en décembre 2024 que le BND aurait été autorisé à partager ses conclusions avec des experts scientifiques et les services de renseignement américains.
La position de la CIA et des scientifiques français
En janvier 2025, la CIA a pour la première fois pris position sur cette question. Elle a jugé que la théorie de la fuite de laboratoire était la plus plausible, bien que son niveau de confiance dans cette conclusion reste faible. L’agence américaine continue de considérer qu’une transmission naturelle du virus à l’homme par un animal intermédiaire n’est pas exclue.
Les scientifiques français, notamment ceux de l’Institut Pasteur, ont longtemps soutenu la thèse d’une origine zoonotique du virus. En 2023, l’Institut Pasteur considérait cette hypothèse comme la plus probable, expliquant que les épidémies similaires, comme celle du SARS-CoV-1, ont émergé de cette manière. Toutefois, les chercheurs français soulignaient déjà un point faible : cinq ans après le début de la pandémie, l’animal ayant servi d’hôte intermédiaire entre la chauve-souris et l’homme n’a toujours pas été identifié.
Etienne Decroly, virologue et directeur de recherche au CNRS, précisait que le virus ancestral à l’origine de l’épidémie n’a pas été retrouvé, ce qui empêche d’exclure totalement l’hypothèse d’une fuite de laboratoire. Anne Goffard, virologue au CHU de Lille, partageait cette analyse, tout en estimant que la transmission zoonotique restait le scénario le plus probable.
Wuhan et la question des laboratoires
La ville de Wuhan abrite plusieurs laboratoires spécialisés dans l’étude des coronavirus. Les chercheurs y collectaient des échantillons de virus issus de chauves-souris pour mieux comprendre leur évolution, une pratique courante mais qui soulève des interrogations sur les risques de contamination accidentelle.
L’accès limité aux données et le refus de la Chine de permettre des enquêtes approfondies compliquent l’identification de l’origine exacte du virus. L’OMS a tenté d’envoyer des équipes pour inspecter ces laboratoires, mais la coopération avec Pékin est restée insuffisante. Cette opacité a contribué à renforcer les suspicions autour d’un possible accident en laboratoire.
Un débat toujours ouvert
Si les services de renseignement semblent aujourd’hui accorder plus de crédit à la théorie de la fuite de laboratoire, la communauté scientifique reste divisée et prudente. L’absence de preuves concluantes dans un sens comme dans l’autre maintient l’incertitude.
Les scientifiques français continuent d’étudier les deux scénarios, mais ils soulignent que tant qu’aucun élément définitif ne sera découvert, il sera impossible de trancher définitivement entre la transmission naturelle et l’accident de laboratoire. Ce débat, relancé par l’enquête allemande, reste donc ouvert et pourrait évoluer à mesure que de nouvelles informations émergent.
Source: 20 Minutes