Samedi 5 avril, le centre-ville de Montpellier s’est transformé en scène sonore et revendicative. Environ 1.500 personnes se sont rassemblées pour dénoncer l’interdiction d’un an des « free parties » dans l’Hérault. Ce mouvement, intitulé « Contre la répression, on monte le son », a attiré des manifestants venus de tout le sud de la France.
Sommaire:
- L’interdiction préfectorale dans l’Hérault fragilise le mouvement
- Les voix juridiques et associatives dénoncent une dérive
- Une organisation en mutation et des pratiques responsables
- Une mobilisation nationale en préparation
L’interdiction préfectorale dans l’Hérault fragilise le mouvement
Depuis janvier, un arrêté signé par le préfet de l’Hérault interdit toutes les rave-parties non déclarées. La mesure s’applique également au transport de tout équipement de type « sound system », même pour des événements de moins de 500 personnes. Cette décision administrative vise à empêcher les rassemblements spontanés en pleine nature, souvent éloignés des zones habitées.
Pour de nombreux collectifs, cette mesure constitue une attaque directe contre un mode de vie culturel. Marco, membre d’un collectif du Vaucluse, évoque une « criminalisation de la fête », estimant que les autorités ne respectent pas le seuil légal de 500 personnes à partir duquel une déclaration est obligatoire.
Les voix juridiques et associatives dénoncent une dérive
Maître Sophie Mazas, avocate et membre de la Ligue des droits de l'homme, a tenté de contester l’arrêté par un référé-liberté, introduit en février, sans succès. Selon elle, les contrôles et les saisies sont disproportionnés et visent principalement les jeunes. Elle rappelle que la législation ne requiert de déclaration qu’au-delà de 500 participants, et que l’interdiction actuelle dépasse ce cadre légal.
Cette position est soutenue par des syndicats comme Solidaires et la FSU, ainsi que par la Ligue des droits de l'homme. Tous s’accordent à dire que le cadre juridique est utilisé ici pour limiter l’expression d’une culture alternative pourtant structurée et encadrée.
Une organisation en mutation et des pratiques responsables
Emilie, 24 ans, décrit des événements de plus en plus encadrés, malgré leur caractère autogéré. Elle évoque :
- la présence d’associations de prévention,
- le nettoyage systématique des sites après les événements,
- une gestion interne des incidents.
Pour elle, ces pratiques montrent que les organisateurs prennent leurs responsabilités et souhaitent sortir de l’ombre. Dans la foule, des familles, comme Louis avec son enfant protégé par un casque antibruit, témoignent de la diversité des profils présents.
Une mobilisation nationale en préparation
L’appel lancé à Montpellier ne restera pas isolé. Des « manifestives » sont prévues dans plusieurs grandes villes le 12 avril, notamment à Paris, Lyon, Marseille, Toulouse et Nantes. Le mouvement entend dénoncer également une proposition de loi déposée en mars par une quarantaine de députés. Ce texte vise à punir de six mois de prison les organisateurs de rave-parties illégales.
D’autres départements, comme la Haute-Marne ou l’Ille-et-Vilaine, ont déjà adopté des mesures similaires à celles de l’Hérault. Face à cette tendance, les collectifs de « sound systems » exigent un dialogue avec les institutions culturelles et le respect des pratiques festives alternatives.
La mobilisation de Montpellier marque une étape forte dans la lutte contre les interdictions systématiques. Elle incarne la volonté de centaines de jeunes et moins jeunes de défendre un espace de liberté musicale et sociale, sans violence, ni marginalisation.
Source: 20 Minutes